"Me parler, parler ici!"

Soutien linguistique en appui à l'intégration de migrants à Barcelone
Photo © V. Krebs
Photo © V. Krebs
Irene Amodei & Maria Vila, English proofreading: Sarah Webborn, version française: Rabah Tounsi, versión española: Tahona Santana Naranjo
16 janvier 2007

A l'image de certains de ses voisins, l'Espagne est passée d'un pays d'émigration à un pays d'immigration à la fin des années 90. En fait, si on regarde les chiffres, l'Espagne pourrait aujourd'hui être considérée comme l'un des principaux pays d'immigration au sein de l'Union Européenne. ICVoluntarios-Barcelona développe un projet pour répondre aux besoins de ces populations.

Cette situation devient  extrême pendant les mois d'été, quand des milliers de personnes, parties de différents pays africains dont elles sont originaires, risquent leur vie et s'aventurent sur des embarcations de fortune (pateras ou cayucos), espérant ainsi atteindre les iles Canaries. Chaque année, les chiffres augmentent, en 2006, elles étaient plus de 15.000 âmes à entreprendre cette traversée. A l'arrivée, on constate les conditions déplorables et inhumaines dans lesquelles ces familles ont fait le voyage. Si la météo a été mauvaise, certaines succombent, s'égarent ou connaissent de graves difficultés de santé et d'hygiène. Au bout de ce calvaire, des personnes sont renvoyées dans leur pays d'origine, le reste éparpillé à travers l'Espagne.

L'immigration est un phénomène récent dans ce pays, l'arsenal juridique est loin de répondre à l'urgence du phénomène. Sur ce thème de l'intégration, les institutions espagnoles connaissent de sérieux manque en matière de formation technique, politique, juridique et sociale. La récente "régularisation" massive des immigrés (depuis 2000 un total de 934.702 individus) démontre les difficultés auxquelles le gouvernement est confronté dans son travail de contrôle des flux d'entrée de migrants.

Bien qu'il soit aujourd'hui à l'ordre du jour politique, le débat sur l'immigration n'a pas vraiment mûri et l'intégration reste un thème marginal. Beaucoup d'études confirment  que l'Espagne est plus que jamais un pays d'immigration. De ce fait, elle accepte cette situation comme un phénomène légitime qui doit d'être traité avec respect et soutien. Cependant, cela ne suffit pas, car l'Espagne doit engager une vraie  politique d'accueil et d'intégration et des moyens sans précédent pour répondre aux exigences de cette nouvelle donne. En tant que société d'accueil, l'Espagne plaide pour l'assimilation des immigrés, c'est-à-dire, un processus d'adaptation à sens unique: les immigrés sont supposés abandonner leurs spécificités linguistiques, culturelles et sociales, adopter les valeurs et les pratiques de la société qui les accueille et se fondre dans la population du pays hôte, laissant l'usage des "autres" langues et religions à la sphère privée. L'assimilation n'est pas une politique explicite, mais une sorte de "demande sociale". Il est facile d'imaginer que cette attitude envers le phénomène d'immigration puisse être source de tensions et soulever un certain nombre de défis.

Barcelone, capitale de la région Catalogne, a accueilli un grand nombre de migrants --qui sont entrés ailleurs en l'Espagne -- toutes ces dernières années (commençant par 74.019 en 2001, atteignant 260.000 en 2006, selon le Département de la Statistique), et, hélas, cela a causé un certain nombre de frictions culturelles.

Les organisations à but non lucrative, dont  ICVoluntarios-Barcelona, ont placé l'intégration de ces populations comme priorité dans les actions à mener. Sur le terrain, le travail est urgent et permanent. Considérant ces faits et chiffres, il n'est pas faux d'affirmer que l'immigration doit être l'une des préoccupations premières à la fois pour la société civile et pour les politiques.

ICVoluntarios-Barcelona s'inscrit  dans ce cadre à travers un projet intitulé "Me parler, parler ici" (Parla amb mi, parla aqui). Il bénéficie de l'étroite collaboration de Linguamón - la Maison des langues - et du point de contact pour l'immigration de Federació Catalana de Voluntariat Social. ICVoluntarios-Barcelona est également en relation avec le secrétariat de l'immigration du Gouvernement  Catalan et le Cabinet technique d'immigration.

Le but du projet est d'effectuer un inventaire des institutions et associations qui fournissent un appui linguistique et des services de soins primaires aux immigrés et aux réfugiés étrangers handicapés par le fait qu'ils ne comprennent ni ne maîtrisent la langue locale.

"Notre idée," explique Maria Vila, coordinatrice d'ICVoluntarios-Barcelona, "est  de soutenir les associations qui travaillent déjà dans le domaine de l'immigration, offrant notamment des services de langue, tels que la traduction de documents juridiques, l'interprétation simultanée dans les démarches quotidiennes des migrants et une assistance pendant la procédure de régularisation de la personne concernée.

Convaincus par une approche de "capacitation", nous prévoyons la formation d'immigrés déjà intégrés dans la société, qui serviront de passerelles et de relais culturels efficaces entre les nouveaux venus et la société espagnole.

Le projet prévoit également un travail  de revalorisation de l'image de ces populations, en favorisant  une nouvelle vision des migrants: citoyens humains, complètement intégrés dans la société catalane et capable à leur tour d'offrir du temps comme n'importe quel volontaire du monde.

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